Ou en d’autres termes, sommes-nous tous des bloggeurs nés ? Le phénomène ne vous aura en effet pas échappé. Alors que sur la toile prolifèrent de nombreux comptes dédiés à « l’alapagage » de marques en lignes, certains modèles mis en avant sur les clichés en quête de reconnaissance sont parfois jeunes, très jeunes… trop jeunes !
A se demander si certaines photos dont on ne distingue plus que quelques pixels (tant les mentions de marques les recouvrent) représentent bien un enfant jouant à la poupée ou un homme sandwich ?
Ça y est vous vous dites que je recommence ! Après avoir osé le sujet tabou de la grossesse par ennui mortel (article assumé ici), je mets le doigt sur un autre sujet social impliquant un mutisme étonnant.
Je ne suis pas là pour vous ressortir le combat de nos mères (et grands-mères) à qui l’on doit nos droits ça serait un peu lourd, mais je m’étonne un peu plus tous les jours de cette industrialisation parfois un peu trop poussée ressemblant plus à un démarchage publicitaire digne d’une mi-temps de superball qu’au partage amical d’un shopping en famille.
Et je vous préviens, quand on comment à voir le mal, on le voit partout. Chaque jour une nouvelle tenue, en tout point différente de la première (comme les grands, le modèle ne doit pas se lasser de ses excentricités vestimentaires) et ça y va sur le cliché.
S’en est parfois à redouter la petite mine boudeuse, la bouche en cul de poule et les talons aiguilles à 6 ans. Bien entendu, je ne vise personne en particulier dans ses mots et il s’agit surtout de forcer le trait d’un phénomène qui tend à prendre de plus en plus d’ampleur.
Si le monde est aujourd’hui fait d’un gavage d’images et de sur-représentation, il en va en effet du rôle de parents de réguler cette frénésie à la photo qui gagne du terrain parfois sur l’enfance.
Combien de parents avez-vous entendu dire alors qu’ils montrent des photos de leur progéniture « c’est lui qui m’a demandé, « tient maman prend moi en photo » ». Comme si cette volonté de se voir en numérique était devenue la norme. Comme les grands qui ne se sentent plus bien qu’en selfies.
S’il est donc « normal » de prendre son enfant en photos (et allez… pourquoi pas de la partager à son réseau d’amis), est-il logique de jouer de ce petit mannequin débutant en le prenant sous tous les angles et en le bombardant de # tels le fameux #OOTD ? Rien n’est moins sûr. Surtout lorsque les marques viennent s’ajouter à la sauce. Car si on veut bien excuser les petits tags opportuns pour apporter un feedback productif à sa marque préférée, on doute fort du désintéressement du parent taguant avec application jusqu’à l’élastique H&M de la chaussette de son bambin (avouez vous avez pensé à autre chose avec le coup de l’élastique… je n’oserais pas !). Alors les enfants seraient-ils en passe de devenir des moyens de monétisation comme un autre ?
Est-on en effet en train de réhabiliter cette profession d’hommes sandwich mais en version Sub15 à moitié grandi ?
Vous vous ferez sans aucun doute votre opinion et je ne doute pas des bonnes raisons de ceux et celles qui aiment ainsi mettre en lumière la chair de leur chair (et notez bien ici que je ne conteste en aucun cas à quel point vos enfants sont beaux et à quels points c’est quand même un plaisir de les voir), mais tentez toutefois de prévenir leur avenir d’une e-reputation qui malgré tout vos efforts ne s’effacera jamais vraiment.