Il n’est jamais vraiment simple, en tant que femme de devoir annoncer sa grossesse dans son milieu professionnel. Même s’il s’agit d’un facteur externe et personnel ne demandant de compte à quiconque, il s’agit pour toute future mère d’un moment obligé et potentiellement angoissant.
Dans les textes, il n’est pas prévu expressément que la future mère informe son employeur de sa situation (ni au moment de l’embauche, ni au cours de son contrat), seul le fait de l’en informer lors de la prise du congés maternité est évidemment obligatoire. Dans les faits toutefois, il est bien souvent acté que le plus tôt est souvent le mieux. Par courtoisie surtout (et pour pouvoir organiser un éventuel remplacement), sans compter que certains signes peuvent en amont trahir la situation qu’il vaut mieux parfois de clarifier dès qu’on en a l’occasion. De même, la future mère ne peut prévoir à aucun avantage si elle ne dévoile pas le fait de porter la vie (aménagement des horaires, protection contre le licenciement, etc.)
Stéphanie se souvient. « Mon employeur de l’époque avait déjà sous-entendu l’idée lors de l’entretien d’embauche. J’ai appris par la suite que la question n’avait pas le droit d’être posée frontalement, il avait d’ailleurs utilisé un moyen détourné. « Vous… vous êtes bien trop jeune pour penser à avoir des enfants », m’avait-il dit en rigolant. J’avais 24 ans et bien d’autres idées en tête que celle de devenir mère. C’était mon premier emploi sérieux, je n’avais qu’un seul but, réussir à intégrer cette boite que je convoitais tant ».
Stéphanie décroche le poste, sans savoir si sa réponse, par la négative à cette question délicate, fut moteur de son embauche. Elle valide sa période d’essai au bout de 2 mois et ne compte pas ses heures pour se former au plus vite aux techniques et rouages de l’entreprise.
« Pendant les mois qui ont suivi mon embauche, je n’ai vécu que pour mon poste, je n’avais qu’une seule idée en tête : m’intégrer, bien faire les choses apprendre. C’est à peine si je voyais mon chéri, à peine si je m’occupais d’autre chose que du fait d’avoir les deux pieds dans la vie active. C’est totalement par hasard que j’ai découvert ma grossesse, je ne m’étais aperçue de rien ».
Stéphanie est enceinte de 7 semaines lorsque son test vire au positif. Son monde s’écroule, son ventre pèse un peu plus lourd que d’habitude mais avec une seule et unique certitude : cet enfant, elle le veut !
« Mon entourage n’a pas compris, ma famille me disait que c’était irresponsable, mes amis me disaient de penser à ma carrière. Même mon homme m’avait dit qu’il comprenait si ça n’était pas le bon moment. Techniquement je suis tombée enceinte dans mon troisième mois de contrat, c’était totalement dingue ».
Si le couple s’accorde pour se réjouir de l’arrivée de cet enfant, Stéphanie elle plonge dans le chaos intérieur le plus total. Elle multiplie les prises d’initiatives et avale les dossiers pour montrer sa motivation. « Ma seule ambition était de me rendre indispensable, pour montrer que je méritais ma place. Je camouflais tout, j’avais pris le pli de mettre des vêtements plus amples très vite laissant penser que c’était mon style habituel, j’arrivais plut tôt, partais plus tard. Mais c’est vite devenu pesant ».
Son ventre pèse presque aussi lourd que sa culpabilité. Stéphanie s’épuise et son stress l’empêche de prendre le poids nécessaire au bon développement du bébé. « Je suis arrivée dans mon 5e mois et mon médecin a tiré la sonnette d’alarme, alors j’ai craqué et je suis allée le dire à mon patron. Ça a plutôt mal commencé car il n’était pas dans un bon jour. Sur le coup il n’a pas réagi. Mais très vite, c’est un peu monté en pression. Plus que la grossesse, c’était le mensonge qui le mettait en colère. Pour lui s’organiser ça allait être problématique ».
La discussion se poursuit dans une meilleure ambiance, alors que Stéphanie se confond en excuse et confie ses craintes d’être licenciée, son patron la rassure alors sur la bonne tenue de son poste. « Même si la loi l’y oblige, il m’a assuré ne pas avoir songé un seul instant à se passer de moi. Bien entendu, cela ne tombait pas forcément au meilleur moment, mais il a pris les choses avec beaucoup de calme, m’assurant que c’était des choses tout à fait normales ».
Stéphanie a pu ainsi travailler plus sereinement jusqu’au premier jour de son arrêt et profiter de son congé entièrement. « Aujourd’hui si c’était à refaire, je ferais sans doute les mêmes choix mais en me lançant bien plus vite pour révéler la vérité. Je reconnais que pour un patron, ça n’est pas une situation confortable et que dans le meilleur des cas, mieux vaut attendre d’être « installée » mais parfois la vie n’en fait qu’à sa tête, et ça n’est pas plus mal comme ça ».
Devenir parents n'est parfois pas le CDI auquel on s'attend, mais que voulez-vous, parfois la vie n’attend pas !