Est-ce qu’il y a vraiment un bon moment pour tomber enceinte ? C’est parfois ce qu’on pourrait se demander tant la vie aujourd’hui va à mille à l’heure. Trouver sa moitié, stabiliser son emploi, prendre du temps pour soi, puis à deux… tout cela demande un peu de gymnastique. Alors quand il faut en plus mettre un enfant dans l’équation, il faut en plus trouver le sens du timing.
Parce que décider que l’on est prêt ne suffit pas toujours, l’attente peut-être parfois un peu longue.
Selon le centre d’étude Ined, seuls 25% des couples n’ont besoin que d’un petit mois après l’arrêt des contraceptifs pour y arriver, en moyenne, 97% des couples arrivent à procréer au bout d’un an d’essai. Il faut donc être patients… et persévérants. Une épreuve qui ébranle plus d’un couple et où la communication doit être constante pour éviter les reproches inutiles et les inquiétudes superflues.
« Mon compagnon et moi avons décidé d’avoir un enfant environ au printemps. Je ne sais pas si c’est le renouveau de la nature qui nous a décidé mais nous y réfléchissions depuis un moment et on a fini par se lancer », nous raconte Raphaëlle, 33 ans.
« Nous avions chacun un emploi stable et je savais que je pouvais me permettre une absence sans qu’elle soit vue d’un mauvais œil. Je sais qu’en tant que femme je ne dois pas me sentir coupable de cela mais malheureusement encore aujourd’hui, avoir un enfant peut être mal venue dans l’échelle sociale de l’entreprise. Toujours est-il que pour nous c’était le D-Day. Et nous ne pensions qu’à une chose, mettre notre bébé « en route » rapidement », commente-t-elle.
« Même si nous savions qu’il faudrait certainement plus qu’une bonne fée pour que je tombe enceinte dès le premier mois, c’est bête mais nous le pensions vraiment. Une telle envie, une telle symbiose ne pouvait se traduire que par une réussite. Dans les faits, ça ne s’est pas passé du tout comme ça. Nous avions décidé de ne pas nous mettre la pression. Hors de question de m’acheter un thermomètre ou de compter mes jours d’ovulation. Non seulement il n’y a rien de romantique là-dedans mais c’était aussi un moyen de trahir notre nature profonde du "carpe diem" qui nous avait porté chance jusqu’à présent ».
Raphaëlle nous confie alors ses mois de désillusions et pourtant, chose inhabituelle, elle nous avoue surtout n’avoir jamais fait aucun test de grossesse durant toute cette période.
« C’est une chose qui étonnait tout le monde. Mes amies pensaient que je mes économies passaient dans l’achat de tests en tout genre et pourtant pas du tout. Je n’en ai fait aucun ! Sans être à l’écoute de mon corps habituellement, je savais que si un bébé devait pousser en moi, ça n’était pas un bout de plastique qui me l’apprendrait. Je sais, c’est un peu étrange », dit-elle malicieuse à l’annonce de ce souvenir.
« J’avais déjà fait ce type de tests. Le premier m’a marquée particulièrement, j’avais 20 ans et la peur au ventre qu’il ne tourne mal. Vous savez on a beau prendre ses précautions, un accident peut arriver et les conséquences sont vraiment difficiles même si nous avons maintenant le choix. Je souviens avoir été pétrifiée devant ce bâtonnet qui me paraissait tellement hostile. Les explications semblaient si confuses que j’ai dû relire la notice 4 ou 5 fois, j’avais peur de me trouver devant un choix impossible à faire, j’étais jeune, je ne savais pas comment je pouvais m’en sortir. J’ai sincèrement mis plusieurs heures avant d’accepter vraiment que le résultat était négatif. ».
Raphaëlle à 29 ans quand elle achète de nouveau l’un de ces tests et cette fois, c’est plus sereinement qu’elle le fait.
« C’est en automne, soit plus de 6 mois après notre décision fatidique que les choses ont finalement décidé à bouger. Comme je l’avais espéré, j’ai senti tout de suite le changement en moi. Pas seulement une histoire de feeling il faut bien le dire mais j’ai eu des symptômes très vite, ça enlève un peu du charme forcément, j’aurais préféré quelque chose de plus spirituel. Cette fois-ci, j’ai accepté de faire le test. Je suis allée à la pharmacie comme une petite fille, j’avais limite aussi honte qu’à mes 20 ans, ce qui est totalement ridicule, allez savoir ! Mais une fois chez moi il ne m’a plus fait peur. Il portait mes espoirs, ceux de mon chéri, de la famille qu’on allait se construire. Je vous dirais bien que les 3 minutes d’attente réglementaires ont été les plus longues de ma vie, ça n’a pas été le cas. Tout est allé très vite et doucement une deuxième barre s’est dessinée. Franche, réelle, toute droite concrétisant nos mois d’attente et d’espérances. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir d’un simple trait finalement ».
Raphaëlle et son compagnon ont accueilli 9 mois plus tard une petite fille nommée Solène et envisagent sérieusement d’ajouter une nouvelle petite barre à leur livret de famille.